Cinq jours que je suis libéré.Quelques notes de piano passées à la radio auront suffit..
Je ne les pas écoutées, tout juste entendues, mais ressenties et pleurées.D'abord acides, me brûlant les yeux, puis tièdes, douces, j'ai pleuré ces notes en même temps que mes larmes.Ce ne fut pas le cataclysme destructeur, presque sale et avilissant tant espéré, mais juste une courte averse bienfaitrice et réparatrice.
Je me sens apaisé, libéré et je m'interroge: T'ai-je juste pleuré, ou aussi le fait d'avoir trop d'amour et de tendresse et de n'avoir personne à qui les offrir?Je ne sais pas si j'ai tourné la page, mais en me posant cette question j'espère l'avoir au moins soulevée.
La solitude n'est jamais bonne conseillère, et entre souvenirs, déductions et paranoïa certains doutes s'installent.Je me souviens de cette après-midi ou j'étais venu prendre quelques affaires.Je me souviens de notre dernière étreinte, douce, passionnée, toi excitée par l'idée de me perdre et moi amoureux mais sachant pertinemment que malgré tout ce serait la dernière fois.Réconciliation sur l'oreiller éphémère trois jours après la rupture, et qui -comme je m'en doutais- n'a fait revivre "nous" que jusqu'au lendemain.
Avais tu arrêté la pilule ces derniers jours? D'autres détails me mettent cette idée en tête qui petit à petit, sournoisement, s'installe obsessionnelement: et si TU attendais un enfant de moi?
Longues hésitations,vais-je T'appeler? Puis je me permettre de risquer de réduire à néant les progrès que j'ai fait ces derniers mois rien qu'en entendant Ta voix? Est ce que ça en vaut la peine? Mais cette interrogation quand à une possible paternité n'est elle pas la pire des souffrances? De quoi ai-je le plus peur: de devenir le père d'un enfant fruit d'une histoire appartenant au passé, ou juste de moi, et de mon moral fragile bien que positif ces derniers jours, que le seul son de ta voix va inéluctablement faire voler en éclats.
Je t'ai finalement appelé.Tu m'as appris que mes doutes n'étaient pas fondés, j'ai soigneusement évité de te questionner sur ta vie amoureuse, et nous avons convenus que ne plus avoir de nouvelles de Toi me faisait le plus grand bien et qu'il fallait continuer ainsi.
Contre toute attente j'ai le moral après ce coup de fil, pas de vagues à l'âme, tout juste une certaine nostalgie souriante.Il semblerait que je commence à tenir debout.